Témoignage #6: Comment l’amour et le soutien de mes proches m’ont aidé dans ma guérison

|| En l’honneur de la semaine nationale de sensibilisation aux troubles du comportement alimentaire se déroulant du 1er au 7 février, je vous partage à chaque jour le témoignage d’une personne ayant souffert auparavant ou qui souffre présentement d’un trouble alimentaire. En espérant que ces messages plein d’émotions et qui viennent du coeur vous aideront à décomplexifier cette maladie mal comprise, à mettre des mots sur une souffrance que peut-être vous éprouvez vous-même et à donner espoir comme quoi que la guérison est possible et ô combien apaisante. Bonne lecture ♥ ||

Bonjour à vous tous lecteurs,

Je me nomme Amélie Poulin, technicienne en éducation spécialisée et j’ai 21 ans. Dans mon métier, je suis confrontée à tous pleins de défis et de gens qui ont des difficultés de toutes sortes. Toutefois, je suis sûrement le cordonnier le plus mal chaussé de tous. Je vis avec un trouble d’anxiété généralisée, un trouble panique, un TDAH et je suis en processus de guérison d’un trouble d’hyperphagie alimentaire ainsi que d’une période de ma vie où je me privais de manger, sans avoir pour autant un diagnostic d’anorexie.

C’est à l’âge de 16 ans que j’ai commencé à me priver de manger certains repas dans le but de perdre du poids, juste pour plaire aux standards de quelqu’un d’autre. Je faisais des périodes de jeûne au dîner, grignotais un peu au souper, mais la nuit, c’est là que le vrai démon sortait. Je pouvais manger un paquet de biscuits complet à moi seule en 5 minutes. Je les cachais dans ma chambre, en dessous de mon lit pour pas que personne ne le sache, je mentais sur la disparition des boîtes dans la réserve familiale et je continuais de prendre du poids, sans savoir pourquoi.

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C’est seulement rendu au cégep, dans mon cours nommé « Adaptation 2 », qui parle des différents problèmes de santé mentale, allant des troubles anxieux, à la schizophrénie, aux troubles de la personnalité jusqu’aux troubles alimentaires, que j’ai réalisé que ce que je faisais n’était pas sain. J’avais alors à l’époque presque 18 ans. Je refusais de me voir dans la description des personnes vivant avec un trouble d’hyperphagie alimentaire. Je ne me sentais pas prête à y faire face. Je venais d’avoir un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée, un trouble panique ainsi qu’un trouble du stress post-traumatique (cause : violence conjugale) et je refusais de croire que ma santé mentale était aussi mauvaise. J’avais réellement honte de moi, mais surtout, c’était tellement tabou et cela l’est encore aujourd’hui, de parler ouvertement de santé mentale, encore plus si tu travailles dans le domaine de la relation d’aide et des services de santé et sociaux.

La seule personne qui savait que je vivais tout cela est mon copain. Nous sommes aujourd’hui ensemble depuis 4 ans, on pense vivre ensemble, mais à l’époque, il était aussi la seule personne à qui je parlais vraiment de ma santé mentale. On était ensemble depuis seulement 4 mois, lorsque je lui ai annoncé ce que je croyais à l’époque être ce qui me définissait, mes diagnostiques et le trouble alimentaire dont je savais que je souffrais, mais que je n’avais pas de vrai diagnostique. Il me voyait me priver régulièrement de dîner, ma raison préférée est que je n’avais pas le temps. En lui parlant, je me sentais comprise, complètement acceptée, mais aussi aimée malgré tout. Encore aujourd’hui, il est l’une des raisons qui font que ma guérison est un moment de presque plaisir, car il est un excellent cuisinier.

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Pourtant, ma meilleure alliée reste ma maman, la personne que j’aime le plus. Je me souviens de la journée où je lui avais appris, car elle était rentrée dans ma chambre et je n’avais pas rangé mon terrible secret. J’avais 20 ans et je mangeais par semaine 5 paquets de biscuits et 4 pots de crémage à gâteau par semaine minimum en étant chez moi que 5 jours. C’est là que ma mère a remarqué ma détresse psychologique. Cette nuit-là, on a parlé durant presque 4 heures de mon état de santé mentale. On a pleuré, ri, mais surtout je n’oublierai jamais qu’elle restera toujours ma meilleure partenaire lors de mes moments les plus difficiles. Elle m’a aidé à trouver une psychologue pour pouvoir parler de mes difficultés alimentaires, j’ai pris un rendez-vous avec mon médecin de famille pour que je puisse avoir un antidépresseur plus fort afin de diminuer mon anxiété sur recommandation de ma psychologue (car les crises d’hyperphagie sont plus fréquentes lorsque l’on vit de grosses passes d’anxiété).

Aujourd’hui, tout mon entourage sait que j’ai eu, que je vis avec ou que je guéris de tous mes diagnostiques. Il m’arrive parfois de faire des rechutes, comme la semaine passée où j’ai mangé une demi-boîte de biscuits, mais j’en parle et on m’aide. Je ne consulte plus, je suis encore sous antidépresseur et mon réseau de soutien est très fort.

Pour vous tous chers lecteurs, parlez-en avec un proche de confiance, construisez-vous un bon cercle de soutien, mais surtout, parlez-en. Ne vivez pas dans la honte. Oui, les mauvaises personnes vont vous rejeter, oui les mauvaises personnes vont vous quitter, mais les vraies vont toujours rester peu importe à quel point la situation est difficile. C’est ce que je transmets maintenant à mes adolescents que j’aide dans mon travail et j’utilise mon expérience pour leur transmettre le courage et le petit boost de confiance qui peut nous manquer lorsque vient le temps d’en parler aux gens que l’on aime.

Amélie

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